Manager de transition ou talent en transition ?

Au-delà d’une simple différence sémantique, d’un simple jeu sur les mots, c’est presque d’abord une distinction d’ordre philosophique qui oppose ces deux termes : manager de transition ou talent en transition.

Le management de transition est une discipline, son substantif est donc par conséquent en métier. A l’origine le manager est dit de transition car il fait passer une entreprise en crise d’un état A à un état B plus performant. Il opère la transition, c’est là son domaine d’expertise. Certes, on ne naît pas manager de transition, on le devient. Toujours est-il qu’à un moment donné, on l’est et que bien souvent on le reste. À la question : « Que fais-tu dans la vie ? », le manager de transition peut répondre : « Je suis manager de transition ». Un interlocuteur averti comprendra alors qu’il a en face de lui un manager fier de nombreuses années d’expérience dans son domaine, désormais au service de la gestion et de la résolution ponctuelles de situations de crise dans des entreprises auxquelles il n’est pas rattaché.

Le management de transition s’avère ainsi une opportunité pour les cadres d’entreprise en fin de carrière, ou ceux pour lesquels il devient difficile d’être à nouveau salariés, de prolonger leur activité professionnelle.

Contrairement à ce que ce mot connote, le talent n’est pas nécessairement inné lorsqu’il s’agit de management. Dans le monde de l’entreprise, le talent d’un individu se mesure à l’aune de ses qualités humaines intrinsèques : leadership, capacité à travailler en équipe, ouverture d’esprit… Cependant, non seulement ces qualités ont pu avoir été renforcées à force d’expérience et de prise en compte des feedbacks, mais d’autres indicateurs factuels entrent également en compte, notamment les compétences techniques acquises ou le réseau professionnel. Un talent en transition est doué de qualités lui permettant d’influencer positivement chaque environnement dans lequel il est plongé, et d’en tirer un épanouissement personnel. Il est performant et pertinent parce qu’il s’est distingué dans ses expériences professionnelles passées et qu’il a la capacité à s’investir dans de nouvelles, avec succès.

A la question : « Que fais-tu dans la vie ? », le talent en transition ne peut pas répondre : « je suis un talent en transition », et pourtant il ne saurait pas non plus se définir par un métier précis. En réalité, il est précisément impossible pour lui de se définir. Il est justement en transition. Il ne fait pas que mettre en place le changement chez les autres : il l’opère également en lui-même. Cela peut alors se traduire par sa volonté d’être indépendant un temps de sa vie active et de travailler sur des missions ponctuelles et stimulantes, sans que cela ne constitue pour autant une fin en soi. Cette expérience de freelance est l’occasion pour lui de nouer de nouveaux contacts, de s’extraire du confort de sa routine, de s’affranchir des contraintes d’un poste de salarié fixe, de donner un nouveau coup de boost à sa carrière. Certains managers en transition choisiront de rester dans cet état intermédiaire jusqu’au bout, épanouis dans la diversité de leurs missions et de leurs challenges. D’autres choisiront de mettre fin à leur transition et d’occuper à nouveau un poste fixe. Cette période intermédiaire de leur carrière les aura néanmoins portés bien plus haut, au plus près de leurs attentes, de leurs aspirations, et de leur talent, qu’ils auront vu se développer sous un autre jour.

Là où le manager de transition n’a de transition que le métier, le mouvement constitue l’âme du talent en transition. Agile, flexible, mobile, doué, assoiffé d’expériences et de découvertes, il est constamment dans la démarche positive d’amener les entreprises et les gens, y compris lui-même, plus loin qu’ils ne le sont.

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